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Les Petits Claviers

Parcours personnel - Renata Bittencourt

 

Pianiste brésilienne et résidant à Paris depuis 2009, ma passion pour la musique remonte à l’enfance, quand je chantais les chansons populaires de mon pays et écoutais de la musique avec mon père. Née à Curitiba, au Brésil, j’ai commencé à étudier le piano à onze ans. Ma professeure, Henriqueta Duarte, disciple de Magda Tagliaferro, était passionnée par l’enseignement et a eu un rôle très important dans ma formation pianistique, en me faisant découvrir notamment la musique contemporaine et le répertoire français.

 

     

   Quelques années plus tard, après l’obtention d’un diplôme de Licence en piano à l’école de Musique et Beaux-Arts du Paraná, le désir de venir en Europe pour boire l’eau de la source, comme disait ma professeure Henriqueta Duarte, m’a amenée à Paris en 2009. J’ai étudié au Conservatoire à Rayonnement Régional de La Courneuve-Aubervilliers avec Romain Descharmes jusqu’en 2011, où j’ai eu mon prix de piano avec une mention très bien avec les félicitations du jury à l’unanimité. Par la suite, j'ai reçu une bourse de la fondation suisse Clara Messagère qui m'a permis d’étudier avec Ricardo Castro à la Haute École de Musique de Lausanne. En 2013 j’ai obtenu mon diplôme de Master de concert et mon mémoire, Étude d’interprétation sur les sonates de Soler au piano, a été récompensé pour le meilleur travail de Master.

 

Parallèlement à mes études, j’ai donné des concerts et ai participé à des concours de piano. J’ai eu également quelques occasions de me produire avec orchestre, la dernière fois à Curitiba, dans Les Nuits dans les Jardins d’Espagne de Manuel de Falla. La création du Duo Aurore en 2011 (duo de pianos avec Diego Munhoz) m’a aussi donné l’opportunité de jouer en Europe et en Amérique Latine.

 

Étant moi-même une pianiste dotée de petites mains, l’accès à un certain type de répertoire, principalement de la période romantique, est pour moi plus difficile et limité, compte tenu des passages qui possèdent de grands écarts entre les notes. Ces passages me sont difficiles à exécuter proprement et avec aisance, la détente de la main et des bras n’étant pas favorisée pour les personnes ayant de petites mains.

 

Tout au long de ma formation pianistique, j’ai étudié attentivement différentes possibilités de doigtés ou d’arrangements, voire certaines solutions comme la suppression ou le déplacement de quelques notes de certains accords pour pouvoir interpréter des oeuvres de compositeurs tels que Chopin, Rachmaninov ou Brahms. Je dois pour cela travailler beaucoup au clavier, malgré le risque d’avoir des lésions et des tendinites. Jusqu’à présent, le choix de mon répertoire a donc été très largement fait en fonction des limites physiques de mes mains.

 

Depuis la fin de mon Master j’ai cherché des solutions générales pour ce problème et j’ai découvert les claviers de piano à taille réduite. Ces claviers de piano aux touches plus étroites s’adaptent instantanément à l’intérieur d’un piano à queue ordinaire, permettant ainsi une meilleure performance pour les pianistes aux petites mains. Ces claviers, fabriqués principalement par David Steinbuhler, sont déjà répandus aux Etats-Unis. Plus de dix universités américaines offrent ainsi aux pianistes la possibilité d’étudier sur des instruments adaptés à leurs mains. 

 

Très investie dans la recherche autour de ces claviers de piano ergonomiques, je suis à ce titre membre du PASK (Pianists for alternatively sized keyboards) et j'ai récemment achevé un master 2 en musicologie à la Sorbonne sous la direction de Jeanne Roudet. Mon mémoire, Anne Elisabeth Cécile Soria (ca. 1766 – 1843) et les claviers de piano ergonomiques, a reçu une mention très bien avec les félicitations du jury et fait maintenant partie du catalogue de la médiathèque de la Philharmonie de Paris. À travers une recherche généalogique, il a été possible de réaliser une première biographie de Mme Soria et de s’intéresser également à l’histoire des claviers de piano ergonomiques. On y trouve une chronologie de brevets et d'instruments, qui nous mène à réfléchir sur la question de l’adaptation du clavier à la main.

 

Je suis de plus en plus persuadée de l’importance de ce changement. Nous pouvons constater aussi, grâce à des recherches récentes, que la variation de l’empan mesuré sur les mains de pianistes provenant de pays divers est significative : on estime que 80 % des hommes ont un empan égal ou supérieur à 21,7 centimètres (équivalent à une neuvième ou une dixième au bord du clavier habituel), contre seules 20 % des femmes. D’autres recherches soulignent qu’une petite main constitue, pour un pianiste, un facteur augmentant le risque de douleurs, lésions et tendinites, notamment chez les enfants et les femmes. Par ailleurs, une grande partie des prix de concours internationaux de piano est remportée par des hommes, alors que les concours de violon affichent des résultats plus équilibrés au regard du sexe des candidats : le violon, instrument à la dimension variable, occasionne en effet moins de désavantages liés à la taille des mains. Enfin, de nombreux artistes, tels la violoncelliste Natalia Gutman, les pianistes Josef Hofmann et Daniel Barenboim, jouent ou ont joué sur des instruments à l’écartement (ou au clavier, dans le cas du piano) plus serré.

 

Il me semble évident qu'une seule taille de clavier ne suffit pas pour tous les pianistes. L’inexistence de ces modèles de claviers en France m'a poussé à créer un projet de recherche et pratique musicale intitulé Les Petits Claviers.